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Éditions Sulliver : Mouvements de pensée

Mon point de départ était effectivement en opposition à la philosophie classique et à la phénoménologie telle qu'elle a fait irruption en France au milieu du XXème siècle, moment où j'ai commencé à écrire. La définition de l'homme qui supportait ces systèmes ne me satisfaisait pas. Le concept de subjectivité dominait la philosophie moderne depuis Descartes, mais cette subjectivité était abstraite, c'était la pensée. Il me semblait que la subjectivité, c'est à- dire notre être profond, est quelque chose de tout à fait concret. C'est la raison pour laquelle j'ai découvert –et ce fut une grande émotion– que notre corps est subjectif, ce qui me mettait en possession de la preuve majeure du caractère concret de la subjectivité. Cette subjectivité concrète dont le corps était le lieu, je l'ai appelée "la vie".
Michel Henry, Entretiens

C'est un fait d'observation courante que l'homme puisse croire sans comprendre; on a beaucoup moins conscience de la possibilité inverse, qui consiste à comprendre sans croire, et elle apparaît même comme une contradiction, puisque la foi ne semble s'imposer qu'à celui qui ne comprend pas. Pourtant, l'hypocrisie n'est pas seulement la dissimulation de celui qui feint être meilleur qu'il n'est; c'est aussi la disproportion entre la certitude et le comportement, et sous ce rapport la plupart des hommes sont plus ou moins hypocrites, puisqu'ils prétendent admettre des vérités qu'ils ne mettent que faiblement en pratique.
Frithjof Schuon, Logique et transcendance

Les Grecs plaçaient la mesure sous l'autorité de puissances cosmiques, Dikè, Adrastée ou Némésis, dont les décrets invariables s'appliquaient aux hommes et aux dieux. Les dieux en voie de disparaître, comme c'était le cas au temps de Platon, ou entièrement disparus, comme c'est le cas au nôtre, quelle autorité justifiera la mesure de l'homme et s'élèvera contre sa démesure? Il n'y a qu'une seule réponse, et c'est l'homme lui même qui, en posant le problème, en donne la solution. «Il n'est de richesse que d'hommes», écrivait Jean Bodin dans sa République; nous pouvons entendre sous cette formule: il n'est de mesure que d'homme, car nous ne connaissons plus aujourd'hui d'autre autorité.
Jean-François Mattéi, Le sens de la démesure

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