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code EAN :
9782351220474


Format 14x21
224 pages
21 euros

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L'État et la Langue
Europe / Antiquité - XVIIe siècle

Robert Lafont

Dès l'instant où les Grecs empruntent l'alphabet aux Phéniciens pour écrire leur langue, l'État pointe sous la forme de la Cité. Langue et écriture se prêtent désormais secours dans son service. Comme il y a pour la communication orale une fixation systémique dite phonologie, il y a pour fixer la langue en écrit un système phonématique, dont l'État établit les règles. D'après le codage grec se construit le codage latin, le nôtre, avec son contrôle maximal de la Lettre sous ses trois aspects de système de langue écrite, de système de ce qui sert à l'écrire, et de système de ce qu'on écrit avec elle sous l'autorité et quelquefois la censure de l'État.

Ainsi naquirent en Gaule romaine deux langues nouvelles: oc au Sud, oïl au Nord, dont l'auteur suit en parallèle émergence et développement dans un salubre réexamen de l'Histoire de France.

Robert Lafont, (1923 - 2009) professeur honoraire de l'université de Montpellier et docteur honoris causa de l'université de Vienne, a produit une œuvre en deux volets, l'un littéraire en langue d'oc, l'autre scientifique en français et en d'autres langues. Historien de la littérature, il s'est intéressé à l'ensemble de la tradition occitane et à la poésie baroque; historien des sociétés et militant des espaces économiques, il a également payé de sa personne dans les mouvements populaires de la fin du XXe siècle. Robert Lafont a également publié, aux éditions Sulliver, Prémices de l'Europe, VIe-XIIIe siècles (2007).

Presse :

Avec son érudition de poète et sa conviction éclairée, ce prodigieux professeur nous propose une surprenante histoire occitane de la littérature et de la langue françaises.
Laurent Lemire - Le Nouvel Observateur

"L'Etat et la langue" ven completar lo trabalh qu'avia fach Lafont sus la plaça dei poples, dei lengas e dei culturas que forman l'Europa, ambé "Prémices de l'Europe", publicat en 2007 en co dau meteis editor. Lo devètz legir.
Glaudi Barsotti - La Marseillaise

En ces temps de nationalisme où l'on confond un hymne et la dignité d'un peuple, où l'apprentissage du français n'est plus, pour les étrangers, la voie d'accès à une culture, un esprit mais a tout d'une fourche caudine – les réflexions de Robert Lafont, cet historien de la littérature qui s'est intéressé à la tradition occitane et à la poésie baroque, ce poète de langue d'oc, cet homme engagé dans les mouvements populaires de son temps, ont un intérêt majeur.
Régis Poulet - La Revue des Ressources
 

Extrait :

Il a été remarqué par les historiens de la langue française que sa conquête administrative des terres du royaume ménage, au Nord de l'occitan, une bande résistante tout au long du XIVe siècle. Il est hasardeux d'attribuer cette «marche» linguistique à des usages locaux protégés, alors qu'il s'agit visiblement de deux larges mobilités zonales. A l'Ouest, du recul d'un occitan du Poitou encore solide au XIe siècle et, en allant vers l'Auvergne, d'une instabilité dialectale qui a laissé jusqu'à nos jours la zone hybride du «croissant». A l'Est, tout est clair : c'est le franco-provençal de terrain qui résiste et résistera jusqu'à aujourd'hui.
A l'Ouest, une avance de la langue du Nord a été masquée par l'usage du latin jusque vers 1400. En Auvergne, pourtant pleinement occitane, un fait politique a été déterminant: l'investiture de la province a été donnée vers 1360 à Jean de Berry, qui installe sa cour à Riom. A partir de là l'écrit français se répand. Les deux villes jumelles de Clermont et Monferrand attendront cependant 1400 pour franciser leurs documents.
A l'Est, le barrage dans l'écrit parait institutionnalisé autour des bourgeoisies des cités marchandes. La plus importante est Lyon, carrefour de commerce européen. Elle garde bien sa langue dans l'usage social écrit jusqu'à 1360. Le français cependant pénètre alors dans la comptabilité publique et dans les registres de taxes. C'est une entrée par l'officialité «pondéreuse». Au XVe il règne, mais le dialecte domine encore dans les procès-verbaux des délibérations communales.
Ce relais sera pris par une littérature populaire: la preuve en est la persistance du guignol lyonnais jusqu'à l'époque moderne. La date de mutation est à peu près la même en Forez et en Bresse, où les documents dialectaux sont nombreux. Tout cela, on le voit, atteste une résistance franco-provençale qui ne s'explique bien que par un sentiment identitaire survivant dans la société des pouvoirs locaux. De même à Genève, hors de France, et en Dauphiné. Dans cette province, qui devient l'apanage du fils aîné du roi de France en 1349, les comptes de Grenoble passent au français peu avant cette date. La limite de l'expansion de la scripta nordique se trace là au cours du XVe siècle: le Haut Dauphiné bascule au français tandis qu'Embrunais et Gapençais gardent l'occitan. C'est là sans doute encore une affirmation d'appartenance linguistique.

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