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code EAN :
9782351221518


Parution : 15/01/2015
Format 13x20
144 pages
12 euros

Version ebook :
5.99 euros
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Le syndrome du caliméro
dans la société postmoderne

Violaine Ripoll

2009. Le jeune homme est à bout. «Trop. J’avais envie de crier, de hurler tout ce que je pensais d’eux, leurs arrangements et leur mocheté, j’avais envie de leur bondir à la face, de les attraper par les cheveux, par la peau des grasses bajoues, j’avais envie d’écrabouiller leurs visages sur la longue table ovale.» Il fuit. Retour aux sources, loin du travail cravaté, de l’avenir formaté : les copains d’antan. L’océan pour sa beauté. Et pour survivre, des chantiers de bricole.
Mais le temps passant, l’âge venant, sur quoi va déboucher l’accès de révolte de la jeunesse? Suivent les années 2024, 2039, 2064: trois instantanés de vie, dans un Sud-Ouest où tout vire au cauchemar. Relégués dans des mobil-homes près de l’océan, nos antihéros vivent des miettes d’une radieuse «Seacity» pour résidents aisés. Mais si la marge est la seule échappée, elle se réduit à mesure que l’humanité se déshumanise. L’écart ne cesse de se creuser entre un monde voué au culte du paraître et du profit et ceux qui refusent de couler leurs vies dans le moule de cette idolâtrie. D’autres horizons s’ouvriront-ils pour celui qui ne veut pas renoncer à s’indigner?
Prenant à contre-pied le roman d’anticipation qui nous chante d’hypothétiques lendemains, Violaine Ripoll rajoute avec une lucidité joyeusement désespérée de l’aujourd’hui à notre aujourd’hui et dessine ainsi non sans ironie un demain ordinaire glaçant de vraisemblance.

Après des études de géographie, Violaine Ripoll a travaillé comme assistante au sein du Monde diplomatique, puis comme rédactrice en chef de la revue Le Passant ordinaire. Elle a publié des articles de presse, critiques de livres, textes engagés et des nouvelles. Elle consacre aujourd'hui son écriture à la fiction et à la poésie. L’un de ses textes, Valse mémoire, a été mis en scène en 2010 par la compagnie chorégraphique Gradiva.

 

Presse :

Lorsqu'il quitte sa vie d'avant, il laisse sur la table, à celle avec laquelle il vivait, un mot, déjà partiellement cité: «Je pars quelques jours, j'en pouvais plus, je t'écris, promis, ne t'inquiète pas. N'oublie pas d'arroser mon papyrus et ma violette africaine. Ne t'inquiète pas.» Et cette mention végétale reviendra comme un leitmotiv dans une bonne partie de ce livre truffé de notations sceptiques et désabusées («...elle aimait Sami, mais c'était avec un autre qu'elle avait fabriqué un petit, sans explication.»  ou: «Difficile de tuer un homme que l'on ne connait pas pour la seule raison qu'il va mourir bientôt et que jusqu'à son dernier souffle, il me faudra le soigner, le torcher comme un gosse...» ou encore: «...une dame dont la famille était installée là depuis cinq générations était allée se noyer au large.» Le tout énoncé avec cette apparente indifférence qui irrigue tout le texte d'une muette indignation, dans une écriture très contemporaine (un peu «mode» peut-être), une construction «littéraire» évidente (chez moi, ce n'est pas un gros mot) parfaitement occultée par le désordre ostensible du récit, et peut-être avec un usage immodéré du verbe avoir.
Un roman poisseux (à juste titre), qui se termine dans les geôles d'un Etat devenu sinistrement policier. Alors que faire? Se flinguer? Plutôt attendre la sortie du prochain roman de Violaine Ripoll, d'où il pourrait sourdre, comme de celui-ci, une étrange et vénéneuse poésie.

Jacques Lovichi - La Marseillaise

Cette auteure est indignée par la façon dont les hommes traitent la planète et les humains, un sentiment suscité par des études de géographie et une réflexion sur la mutation des sociétés et cultures en Europe dans le cadre d'un DEA. Aussi, dans son premier livre, elle suit le parcours de deux hommes, en marge de la société, dans un futur proche et moins proche (années 2024, 2039, 2064). Un roman d'anticipation dans lequel elle imagine ce que pourrait devenir notre monde dans quelques années, «une société très consumériste avec un saccage des territoires, des droits sociaux qui se dégradent». «C'est une façon de voir comment la vie peut évoluer dans ses pires aspects.»
Christophe Teyssier - Le Progrès

Violaine Ripoll signe avec Le syndrome du caliméro dans la société posmoderne un ouvrage de Social Fiction qui dénonce les dérives meurtrières du capitalisme sans visage. Oeuvre de militante ? Certes oui ! Mais pour replacer au centre du monde l'humain et non le profit. L'humain dont Camus disait qu'il y a plus de choses en lui à admirer qu'à mépriser. Il faudra bien, un jour, tenir compte de ces voix qui résistent. Loin de toutes les modes, loin de tous les faux semblants.
Lisez sans tarder ce bref roman dont le style bousculé, heurté, proche souvent de la rupture, marque, je le répète, la naissance d'un écrivain. Les quarante dernières pages, notamment, sont admirables... et suffocantes...

Dominique Boudou
 

Extrait :

Flo ne sentait pas ma sale odeur, elle se persuadait que mon angoisse du chômage serait aussi éphémère que ma crise d’humeur, elle attendait de ma part un zest de mauvaise conscience pour les semaines passées ailleurs. Si ma voie professionnelle n’était pas la bonne, il suffisait d’en changer. Je n’avais qu’à trouver du positif, un concours d’instit, travailler avec des enfants, de quoi reprendre confiance dans l’avenir et la société, un laïus condescendant. Elle s’impatientait. La vie avançait, les doutes existentiels que nous avions partagés, les incertitudes qui avaient orienté la direction de nos regards vers d’autres horizons, de vieilles agitations tout ça. Faut être lucides, me disait-elle, pas d'autre choix que de prendre le train, car la bohème dont nous rêvions avait la couleur grise de la pauvreté.

Plusieurs soirs de suite, nous avions discuté laborieusement, ce qui finissait par une dispute et chacun dans son coin de lit. Un samedi, elle avait invité des copains de la fac où nous nous étions rencontrés, dans le même syndicat étudiant, et avec qui nous militions pour les sans-papiers. Chacun avait de bons jobs, l’un s’était déjà marié en grande pompe, sa dulcinée fort maquillée était là, l’autre revenait d’une mission en Australie, la troisième s’embourbait dans les concepts obscurs qu’elle enseignait comme maître de conférences, à croire que Flo avait prévu le casting. Le dîner traînait, je m’ennuyais et avais fini par être désagréable, les renvoyais à leurs modes de vie et de bien-pensance, ahuri par ce que j’entendais. Ils me rétorquaient que je n’avais pas plus de réponse qu’eux. S’accommoder du mieux ou rejoindre ceux qui s’égosillaient sur leurs blogs, qui gigotaient devant leurs webcams, en échangeant des commentaires avec des milliers d’agités en chambre. L’insurrection? Faut croûter mon gars.

Nous étions allés au restaurant le lendemain. Elle avait pris soin de ne pas choisir un de ces endroits branchés qui m’aurait coupé l’appétit rien qu’avec la déco et les minuscules verrines quinoa-petits-légumes bio logées au coin des assiettes, mais plutôt un mexicain, pas très loin des Halles, ambiance chaleureuse et nourrissante aurait dit un guide touristique, et ce resto l’était malgré tout. Une grande rousse nous avait servi des tortillas remplies de viande, d’oignons et de haricots rouges qui piquaient les papilles que nous consolions à l’aide de bière mexicaine. La musique du cru nous avait obligés à crier un peu, difficile pour s’accorder et je m'étais escrimé à lui expliquer le sens de mes interrogations. Je n’arrivais plus à faire semblant d’y croire, pas de place pour moi au milieu des costumes-cravates et des peigne-culs, cette impression de ne rien partager avec personne, ou si peu.

À la table d’à côté, les huit convives s'étaient mis à chanter à tue-tête, joyeux anniversaire. Nous avons ri, levé nos verres vers le jeune gars qui semblait en avoir déjà bu un certain nombre, puis j’ai repris le fil de mes pensées, m’apercevant vite que je l’exaspérais. Elle avait fini par me dire: c’est ce que je t'explique depuis tout à l'heure, arrête les missions, reprends les études, instituteur, ou autre chose d’utile pour toi et le monde, c’est toujours mieux que peinture et petites réparations, autres mots pour me dire que la récréation devait prendre fin.

petit nuage
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