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code EAN :
9782351221457


Parution : 16/01/2014
Format 13x20
208 pages
16 euros

Version ebook :
7.99 euros
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Les années sans date

Anne Vernet

«Nous pensions que le socle austral mettrait plusieurs siècles à surgir et que nous aurions le temps. Mais le continent a émergé en cinq ans seulement. Le dernier soulèvement – le plus puissant, imprévisible, qui acheva d’exhumer Zealandia en 2174 – nous prit tous au piège.»
Sur les hauteurs gelées de cette contrée neuve coupée du reste du monde, un long hiver s’est installé: les saisons sont figées, le temps historique s’est suspendu. Dans cette parenthèse des années sans date, une communauté survivante tente de recréer des conditions d’existence et de réinventer une vie sociale apaisée. «La veille du séisme nous étions encore tous occupés à guérir le monde.»
Cependant, les glaces fondent, un printemps inespéré s’annonce. Mais avec lui les rumeurs du dehors, bientôt sa violence. Et les résurgences d’un lourd passé qui ramène à notre époque, ces XXe et XXIe siècles qui avaient instauré «la démocratie mafieuse en gouvernement mondial».
Ce flot des mémoires individuelles surgissant à la faveur d’un «nuage» cybernétique rappelle à chacun sa filiation dans l’histoire sociale: qu’en sera-t-il alors des singularités qui avaient trouvé refuge ici?

Anne Vernet est titulaire d’un doctorat en Sciences du langage. Après avoir enseigné le théâtre et la mise en scène, elle se tourne vers l’écriture et la psychanalyse. Elle est l’auteur de nombreux articles en philosophie politique, histoire de l’art, dramaturgie, psychanalyse et a publié deux romans aux éditions Sulliver, La Seconde Chance en 2009 et Un trop-plein d’espace en 2010.

Presse :

C’est du passé. C’est du présent. Et surtout, c’est de l’avenir. Anne Vernet offre, avec Les Années sans date, un roman d’anticipation qui plonge ses racines dans les marges des événements de Mai 68. Autant dire qu’en deux cents pages, l’auteur couvre autant d’années. [...] Les dialogues occupent ici une place de choix. Les idées s’y entrechoquent, laissant à chacun le soin d’adhérer... ou de s’indigner.
Daniel Fattore - La Liberté

 

Extrait :

Dans la rosace mille reflets animent le monde que me décrit Ernesto.

- Les riches posaient la morale publique comme expression de la faiblesse car seule valait la loi des compétiteurs. Compromission, corruption, cupidité, aveu de faiblesse: voilà leur morale. Où est la vérité lorsque chacun est contraint au calcul, à tricher, à montrer deux visages? Clientélisme infantile de la social-démocratie: se réclamer de la faiblesse – celle des autres, de la masse – à devoir protéger. La faiblesse comme racine de la force! La pauvreté unité de la richesse! Liberté égalité à la poubelle. Cassées en deux forces. À dévorer: celle de l’autre, l’adversaire. La paix? Spéculation publicitaire. Ressources humaines, marché juteux d’organes: anthropophagie. Abstraite? S’élaborer soi-même en philosophie, œuvre d’art? Tenir le masque et la vérité ensemble! Ne jamais laisser un premier prendre les rênes. Il y a des moments où l’on n’est ni dans le masque ni dans la vérité: seulement dans la paix ou la joie, ou le bonheur, ou la jouissance mais la plupart du temps dans la terreur: elle devient banale, habitude, quotidienne. Règle intégrée. Il faut enfoncer dans la merde tout idéaliste. L’infantiliser en le subventionnant. Jusqu’au jour où l’infantile devient de lui-même rentable: en position de n’avoir plus besoin du bourgeois. Et le bourgeois s’empresse de s’attribuer la survie du rêve idéaliste. Dialectique comme une autre? Sauf qu’il n’y en a pas d’autre! Nania! C’était alors vraiment un monde de merde. Et ça me fait peur. La loi du marché: là où il y a du désir il y a forcément une pute. Une pute un mac un micheton. Le marché ne se distribue qu’entre les trois. Le Sigui de 2027? La première révolution universelle. L’idée du travail libre comme moteur de l’histoire c’est là que ça a commencé. Et l’abolition de l’argent. Mais si tu savais combien ils en ont massacré Nania! J’ai tout vu!
Je bois les reflets.
- Nadia: tu m’écoutes?
- Oui Esto je suis là.
- Et ce qu’ils ont fait du travail! Trouver un emploi était une chose. Trouver un salaire une autre. Et construire sa vie, une œuvre, une troisième et impossible quand le politique s’institue au nom de la démocratie comme droit de la force et de l’abus comptable! Chacun dressé dans la négation des autres à être au top. Société mortifère, talonnée par la mort dans chacun de ses refoulements institués. Plus leur tolérance œcuménique diversifiait des libertés mineures et plus le pognon s’imposa comme le seul dénominateur commun. Ah oui! La bêtise a du génie! L’universalité humaine ne se disait plus que par l’algèbre bancaire. Mais en 2027 la masse mondiale canarde cette «véri-réalité»! Tu sais ce que c’était à l’époque les véri-réalités? Des jeux télévisés! Mais ça n’était plus du spectacle: c’était le dogme et le réel identifiés! Le Mur. The Wall.
- Esto moi aussi j’ai vu! Mon ancêtre téter sa mère à dix-huit ans : sa mère en coma et maintenue en lactation depuis sa naissance. Manfred obligé de téter sa mère parce que le profit avait fait d’elle une nourrice automate… Esto… Nous portons tous nos berceaux aux dimensions du monde. Et rejetons du monde tout ce qui ne ressemble pas à nos berceaux. L’humanité n’est peut-être même pas encore vraiment humaine. Et son enfance est cruelle.

Il m’étreint. Le jour a baissé. Le froid sur le gradin mouillé.

- Viens, ma Nane. On rentre.

Et nous avons oublié de sonder la glace.

petit nuage
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