Suivi de James Darmesteter, un portrait par Gaston Paris.
«Je voudrais pouvoir me cacher dans mes vers, afin de baiser ta lèvre au passage, pendant que tu les chantes.»
Sur un tableau en filigrane de l'histoire politique et religieuse de la Perse des IXe-XIe siècles, cet ouvrage est une fresque retraçant l'histoire des poètes, célèbres ou oubliés, en qui nous voyons aujourd'hui les précurseurs d'Omar Khayyam. Cette œuvre vivante, nous la devons à celui que Daryush Shayegan nomme l'un des «géants fondateurs de l'iranologie».
Pourtant, le panthéisme d'Abou Saïd n'a pas la décision et la certitude des poètes qui viendront plus tard; et c'est pour cela qu'il est si grand poète. La Science, comme on appelait alors l'intuition mystique, n'est pas pour lui, comme elle le sera pour ses successeurs, une doctrine arrêtée et fixée, une tradition qu'ils ont reçue de leurs maîtres, une matière à mettre en vers. Cette science, il la crée, il la nourrit de son sang et de ses larmes, avec les angoisses, les doutes, les contradictions de son cœur. Son grand imitateur, Omar Khayyam, l'algébriste poète, aura la force de la certitude implacable; mais c'est une force qui, en poésie, est presque une faiblesse, car elle est mortelle à l'émotion.